Présentation
LE XXIE SIÈCLE FACE AUX ÉCRIVAINES ET TRADUCTRICES
Le XXIe siècle a été déclaré par l’ONU le siècle des femmes, déclaration qui témoigne de l’espoir de voir enfin consacrée l’égalité des sexes. Au sein du monde académique, nous souhaitons apporter notre contribution à une telle aspiration en nous intéressant, depuis le temps présent, à la production des écrivaines et des traductrices francophones au tournant des XXe et XXIe siècles.
Même si les études sur les écrivaines et les traductrices se sont multipliées ces dernières années, le manque d’analyses spécifiques concernant le cadre temporel retenu est évident. Les changements de siècles, d’une part, suscitent la nostalgie du temps passé et, d’autre part, génèrent maints espoirs quant au siècle qui débute, le maintien
entêté de formes déjà̀ vieillies et l’émergence de ruptures qui les renouvellent.
La création féminine n’est pas étrangère à ces synergies, même si les histoires littéraires l’ont rendue invisible, prisonnières qu’elles ont été d’une tradition qui a évité – de façon quasi systématique – les productions signées par des femmes.
S’il est vrai que des femmes remarquables ont bel et bien existé au cours des siècles précédents, le XIXe et le XXe siècles ont partie liée avec une véritable révolution quant au rapport de la femme au monde des lettres. Le passage du XIXe au XXe siècle a été décisif pour la femme grâce à l’acquisition progressive de droits et la publication de lois jouant en faveur d’une plus grande protection juridique : en 1881, les femmes obtiennent le droit à la scolarisation. En 1884 la loi Naquet rétablit le divorce en France, aboli sous la Restauration ; en 1907 le droit de la femme à exercer un métier différent de celui de son époux est reconnu et, en 1909, la loi garantit aux femmes qui travaillent la conservation de leur poste après un accouchement. Ces transformations législatives sont allées de pair avec l’émergence du courant féministe et, dans le domaine littéraire, de l’essor de la littérature féminine.
Le passage du XXe au XXIe siècle offre en parallèle des changements significatifs quant à la littérature écrite par des femmes. En 1998, Nancy Miller et Joan DeJean publient The Politics of Tradition : Placing Women in French Literature où elles remarquent l’absence d’anthologies littéraires incluant des femmes écrivaines. Le changement de siècle a été crucial, car le monde académique a commencé́ à remettre en question le canon jusqu’alors en vigueur. De fait, on constate la multiplication d’essais portant sur l’éécriture féminine. Dans ce nouveau changement de siècle, les études de genre s’imposent et critiquent avec vigueur un canon littéraire incontestablement dépassé.
En ce qui concerne la présence des femmes dans le domaine de la traduction, elle reste doublement invisible : si les traductions ont toujours été considérées comme des productions mineures ou secondaires, elles l’étaient d’autant plus quand les traductions étaient réalisées par des femmes ou concernaient des œuvres signées par des
auteures. Or, de 1868 à 1936, période connue en Espagne sous le nom d’« Âge d’argent », on constate une activité traductrice très importante. On y observe une prolifération sans précédent de journaux et de revues qui favorise l’essor de la traduction, activité qui commence à se définir comme un métier. En Espagne, ce phénomène s’accompagne – de la fin du XIXe siècle aux années 40 – d’une présence accrue d’œuvres littéraires étrangères traduites.
Au début du XXIe siècle, on assiste au renouvellement des études sur les traducteurs et les traductrices sous l’angle sociologique, culturel et littéraire, voire politique, approches qui ont conduit à la création des Translator Studies, selon la terminologie de Chesterman (2009). La parution de travaux tels que Portrait de traductrices de Jean Deslile (2002) a suscité un regain d’intérê t pour l’image de la femme traductrice ainsi rétablie ; on cherchait par là « à corriger les effets d’exclusion et à rendre visibles ces figures traductrices, une façon de contrecarrer le fait que les approches généralistes élaborées jusqu’à alors n’étaient centrées que sur la généalogie masculine » (Castro, 2011 : 109). S’il est bien vrai que, tant l’écriture féminine que la traduction ont été jusqu’à peu considérées comme mineures, ces activités ont pourtant permis aux femmes une certaine reconnaissance dans le monde littéraire et mê me une certaine indépendance économique (Sardin, 2009 ; Romero, 2016). Ainsi donc, les traductrices obtenaient un capital littéraire grâce à un labeur considéré comme passif, mais surtout elles pouvaient de la sorte transmettre des idées qui n’auraient jamais été acceptées dans un original (Fernandez, 2012). Inutile d’insister sur le fait que la traduction est encore aujourd’hui un métier largement féminisé, ce pourquoi il a besoin d’être mis en lumière. C’était là la revendication des théories féministes de la traduction apparues au Québec dans les années 80 ; elles dénonçaient alors le grand nombre de traductions faites par des femmes et tombées dans l’oubli. Aujourd’hui, à travers nos réflexions, peut se jouer une façon de renouveler et de transformer le canon littéraire contemporain.
Ce colloque se propose donc de créer un espace de dialogue afin de rendre visible le rô le joué par les écrivaines francophones et par les traductrices de textes franç ais vers l’espagnol au tournant des XXe et XXIe siècles.
CONVOCATORIA DE PARTICIPACIÓN
El siglo XXI ha sido declarado por la ONU el siglo de las mujeres, siglo en el que se vaticina la consecución de la igualdad de género. Desde el mundo académico, queremos contribuir a dicho propósito desde el ámbito de la producción y de la traducción, creando un espacio de diálogo sobre la presencia de las escritoras y traductoras en el panorama literario francófono de los dos últimos tournants des siècles (el tránsito del siglo XIX al XX y del siglo XX al XXI) desde una perspectiva actual.
Si bien es cierto que durante los últimos años los estudios sobre mujeres escritoras y mujeres traductoras se han multiplicado en las librerías, es evidente la falta de estudios concretos que aborden el marco temporal que pretendemos estudiar. Los cambios de siglo generan la nostalgia del tiempo que se acaba y la ilusión del que comienza, la obstinación de las formas que envejecen y la emergencia de las rupturas que las renuevan; la creación femenina no ha sido ajena a estas sinergias pese a que las historias de la literatura y de la traducción la hayan invisibilizado, prisioneras hasta ahora de una tradición que ha obviado -de forma casi sistemática- las producciones firmadas por un nombre de mujer.
Aunque la historia literaria está tachonada de escritoras de tan brillante como oscurecida producción, las últimas décadas del siglo XIX y primeras del XX supusieron una verdadera revolución en cuanto a la relación de la mujer y el mundo de las letras. La adquisición progresiva de derechos y la promulgación de leyes a finales del siglo XIX proporcionan a la mujer una mayor protección jurídica: en 1881, la mujer obtiene el derecho a la escolaridad; en 1884, la ley Naquet reinstaura la ley del divorcio en Francia, que había sido abolida en 1816 bajo la Restauración. Los primeros años del siglo XX inciden en este ejercicio: en 1907 se reconoce el derecho de la mujer a ejercer una profesión distinta a la del marido y en 1909 se promulga una ley que garantiza a la mujer la conservación de su trabajo tras el parto. Esta lenta transformación legislativa camina de la mano con una corriente feminista y, en el contexto literario, con el muy emocionante auge de la literatura femenina.
El tránsito entre los siglos XX y XXI propone una renovada visión del tratamiento que, en el ámbito de las historias de la literatura, ha recibido la creación en femenino. En 1998, Nancy Miller et Joan DeJean publican The Politics of Tradition: Placing Women in French Literature y hacen evidente la inexistencia de antologías literarias que incluyan mujeres escritoras. El cambio de siglo se revela crucial para la literatura escrita por mujeres pues, desde el mundo académico, empieza a cuestionarse la historia de una literatura que, ahora lo sabemos, estaba canalizada por una sesgada mirada masculina; los estudios de género toman más fuerza que nunca y cuestionan con rotundidad un canon literario a todas luces envejecido.
En cuanto a las mujeres en el ámbito de la traducción, su invisibilización ha sido doble: si las traducciones han sido consideradas producciones secundarias aún más lo eran las de mujeres traductoras o las traducciones de las obras femeninas. Desde 1868 hasta 1936, periodo conocido como la “Edad de Plata”, se produce en España una importante actividad traductora. La proliferación de revistas y periódicos, sin precedentes hasta el momento, favorece el desarrollo de la traducción y esta se consolida como profesión reconocida; así, desde finales del siglo XIX hasta el estallido de la Guerra Civil (1936-1939), se hace evidente en España un progresivo incremento de la presencia de literaturas extranjeras traducidas al español.
Los primeros años del siglo XXI han visto renovarse los estudios sobre los traductores y traductoras desde variantes sociológicas, culturales y literarias, e incluso políticas, que desembocan en los denominados Translator Studies, término acuñado por Chesterman (2009). Desde la aparición de colaboraciones como Portrait de traductrices de Jean Delisle (2002) ha surgido un renovado interés por la recuperación de la mujer traductora que “pretende corregir las exclusiones y otorgar visibilidad a estas figuras traductoras, como una forma de contrarrestar que los recopilatorios generalistas realizados hasta el momento se hayan centrado en exclusiva en la genealogía masculina” (Castro, 2011: 109). Si bien la escritura de mujer y la traducción han sido históricamente considerados oficios de segundo rango, no hay que olvidar que esta actividad les permitía cierto reconocimiento en el mundo literario masculino e incluso una independencia económica (Sardin 2009; Romero 2016). De esta manera, las traductoras adquirían un capital literario gracias a este quehacer considerado pasivo, pero sobre todo podían introducir ideas que jamás hubiesen sido aceptadas en un original (Fernández, 2012). Hoy en día, huelga decir que la traducción es una profesión feminizada y que, por tanto, necesita una visualización como se viene reclamando desde las teorías feministas de la traducción que surgieron en Quebec en los años 80 y que denuncian el gran número de traducciones realizadas por mujeres que han caído en el olvido. Solo así llegaremos a renovar y transformar el canon literario contemporáneo.
Por ello, el objetivo principal de este congreso será la creación de un espacio de diálogo con el fin de visibilizar el papel desempeñado por escritoras francófonas y traductoras de textos franceses al español durante los dos últimos cambios de siglo (del XIX al XX y del XX al XXI).
RÉFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES/ REFERENCIAS BIBLIOGRÁFICAS
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Langues du colloque
Français et espagnol
Comité d’organisation
Flavia ARAGÓN RONSANO (Universidad de Cádiz)
Irene ATALAYA FERNÁNDEZ (Universidad de Zaragoza)
Khatima EL KRIRH EL KRIRH (Universidad de Cádiz)
Mª del Carmen LOJO TIZÓN (Universidad de Cádiz)
Pilar PINTO BUZÓN (Universidad de Cádiz)
Mercedes TRAVIESO GANAZA (Universidad de Cádiz)
Comité Scientifique
Lola BERMÚDEZ MEDINA (Universidad de Cádiz)
Elena CUASANTE FERNÁNDEZ (Universidad de Cádiz)
María Victoria FERRETY MONTIEL (Universidad de Cádiz)
Virginie GIULIANA (Université Rennes 2)
Lydia de HARO HERNÁNDEZ (Universidad de Murcia)
Nieves IBEAS VUELTA (Universidad de Zaragoza)
Francisco LAFARGA MADUELL (Universitat de Barcelona)
Pedro Salvador MÉNDEZ ROBLES (Universidad de Murcia)
Nathalie NARVAEZ BRUNEAU (Université de Bretagne Occidentale)
Crystel PINÇONNAT (Aix-Marseille Université)
Domingo PUJANTE GONZÁLEZ (Universitat de València)
Martine Marie RENOUPREZ (Universidad de Cádiz)
Estrella de la TORRE GIMÉNEZ (Universidad de Cádiz)